L’utilisation des plantes adaptogènes (ginseng, éleuthérocoque, ashwagandha) en naturopathie pour augmenter l’énergie vitale
L’utilisation des plantes adaptogènes (ginseng, éleuthérocoque, ashwagandha) en naturopathie pour augmenter l’énergie vitale
Nous devons le concept de plantes adaptogènes à Nicolaï Lazarev, célèbre scientifique russe qui travaillait sur certaines plantes médicinales dont le ginseng et qui cherchait à en caractériser le mécanisme d’action.
C’est en 1947 qu’il propose une définition officielle : une substance (et donc une plante) est dite adaptogène lorsqu’elle est « capable d’induire dans un organisme un état de résistance augmentée non spécifique permettant de contrebalancer à un effort exceptionnel ».
Les travaux de Nicolaï Lazarev ont ensuite été reprise par Israel Brekhman, scientifique russe, qui a beaucoup travaillé sur l’éleuthérocoque. Il est d’ailleurs l’auteur de nombreuses publications sur celle qu’on surnomme le ginseng de Sibérie.
A la définition de Nicolaï Lazarev, il associe 3 critères permettant de confirmer le caractère adaptogène d’une substance et donc d’une plante :
- Augmente la résistance de l’organisme contre une agression quelle qu’en soit la nature (physique, chimique ou biologique) de manière non spécifique
- A une influence normalisatrice, quels que soient les changements à partir des bases et des normes physiologiques
- Présente une absence de toxicité et n’influence pas les fonctions normales de l’organisme
Si cette définition officielle est finalement assez récente, ces plantes sont présentes dans des pharmacopées du monde entier et cela depuis longtemps.
Ainsi, l’éleuthérocoque, le ginseng, l’astragale de Chine, le schisandra sont utilisés en Médecine Traditionnelle Chinoise. L’éleuthérocoque, la rhodiola, le ginseng en médecine traditionnelle russe. L’échinacée en médecine amérindienne.
Les plantes adaptogènes sont des plantes qui agissent comme régulatrices, des modulatrices des fonctions de l’organisme lui permettant d’augmenter sa capacité de résistance. D’une certaine manière, elles aident l’organisme à ne pas basculer dans la phase d’épuisement du syndrome général d’adaptation.
Attention toutefois à ne pas croire qu’elles sont un remède miracle : il ne faut jamais oublier que la guérison et donc le retour à un état d’homéostasie repose principalement sur le causalisme avec l’éviction du facteur déclenchant.
Ainsi, dans la problématique du stress, le traitement doit avant tout reposer sur l’éviction de l’agent stresseur, les adaptogènes n’étant qu’un moyen de nous aider à maintenir un état d’équilibre. Elles nous donnent finalement du temps afin de faire disparaître cet agent stresseur en soutenant ainsi le travail de lutte de l’organisme. Ce soutient ne sera évidemment pas infini…
Les plantes adaptogènes ont donc comme vocation à aider l’organisme à maintenir l’homéostasie, d’où leur caractère normalisateur. Elles agissent à l’échelle de l’organisme et non pas en ciblant un organe ou une fonction isolée. Elles agissent de façon non spécifique quel que soit l’agent stresseur qui constitue le facteur perturbateur.
C’est ainsi qu’elles se différencient des plantes dites stimulantes. Si les plantes adaptogènes augmentent les capacités de résistance de l’organisme en l’aidant à maintenir son rythme de croisière, les plantes stimulantes donnent un grand coup d’accélérateur dans le fonctionnement de l’organisme lui permettant de fonctionner à un régime supérieur.
Elles donnent un vrai coup de « boost » qui a tendance à terme, à épuiser l’organisme. Parmi les plantes stimulantes largement utilisées, on trouve celles qui contiennent de la caféine telles que le café, le thé, le guarana.
La caféine est un alcaloïde qui appartient à la famille des méthylxanthines. Elle est métabolisée au niveau hépatique en 3 isomères de la diméthylxanthine : théobromine, paraxanthine et théophylline.
Les effets stimulants généraux et psychostimulants de la caféine reposent principalement sur sa capacité à inhiber les récepteurs à l’adénosine, il existe un effet indirect via la libération de dopamine et d’adrénaline.
Les plantes contenant de la caféine ont été utilisées de longue date pour leurs effets stimulants : diminution de la fatigue, augmentation de la vigilance, des performances physiques… D’autres plantes sans caféine sont considérées par l’usage traditionnel comme tonifiantes et stimulantes telles que l’hibiscus, le gingembre.
A la différence des plantes adaptogènes qui normalisent les fonctions de l’organisme et augmentent sa capacité de résistance sur le long terme, les plantes stimulantes épuisent l’organisme et abaissent sa capacité de résistance, elles ont en outre l’inconvénient, à terme de perturber les fonctions de l’organisme si elles sont utilisées au long cours. C’est particulièrement vrai pour les plantes stimulantes qui contiennent de la caféine.
Il faut retenir que les plantes adaptogènes sont des plantes fortifiantes au contraire des plantes stimulantes qui sont excitantes.
Les plantes adaptogènes agissent comme des agents de régulation de notre métabolisme ce qui permet d’augmenter la capacité de résistance de l’organisme : nous sommes ainsi plus à même de nous adapter à notre environnement et nous limitons les conséquences néfastes des facteurs perturbateurs sur notre organisme.
Parmi les plantes adaptogènes, nous pouvons citer :
- L’éleuthérocoque
- Le ginseng
- La rhodiole
- L’ashwagandha
- Le schisandra
- L’échinacée pourpre
- L’astragale de Chine
Cette liste n’est pas exhaustive, il en existe d’autres.
Le ginseng, Panax ginseng
Surnommé ginseng asiatique ou ginseng coréen, c’est une plante de la famille des Araliacées originaire du nord-est asiatique. Il appartient à la pharmacopée traditionnelle chinoise depuis des millénaires et a la réputation d’être une panacée. Son nom d’ailleurs, Panax vient du grec « pan » tout et « axos » le remède.
Il peut également se vanter d’être l’une des rares plantes à avoir une revue scientifique qui lui est entièrement consacrée : Journal of Ginseng Research, à l’initiative d’une société savante dédiée au ginseng, la Korean Society of Ginseng. Peu de plantes peuvent en dire autant !
Cette notoriété lui permet d’avoir été l’objet d’un très grand nombre d’études scientifiques, certes de qualité parfois inégale mais pour autant, nombre d’entre elles nous ont permis de mieux comprendre les mécanismes d’action du ginseng.
Ce sont d’ailleurs sur ces études que les institutions de santé s’appuient pour émettre leurs recommandations. Elles reconnaissent ainsi l’usage du ginseng dans diverses situations (La Commission E allemande, l’Agence Européenne du Médicament « EMA », l’Organisation Mondiale de la Santé « OMS », l’European Scientific Cooperative on Phytothérapy « ESCOP »).
Le ginseng renferme un grand nombre de principes actifs tels que des acides phénols, des acides organiques, des phytostérols, des vitamines, des oligoéléments, des polysaccharides, de l’huile essentielle (sesquiterpènes) mais surtout des ginsénosides qui sont des saponosides stéroïdiens identifiés sous forme numérotée Rbn et Rgn.
C’est une plante adaptogène très puissante avec une action psychique (en cas de grand épuisement intellectuel par exemple) et sur la sphère physique. Elle a d’ailleurs toujours été utilisée dans les épisodes de grande fatigue chronique mais aussi afin d’améliorer les performances physiques, en particulier dans le milieu sportif.
C’est aussi une grande rééquilibrante de l’immunité avec un effet immunomodulateur. Elle associe ainsi des vertus anti-inflammatoires mais aussi immunostimulantes selon les situations. Autre intérêt particulièrement intéressant dans la pratique clinique courante, c’est sa capacité à optimiser la réponse immunitaire, en particulier dans le cas du vaccin contre la grippe.
Ainsi, le ginseng améliore la réponse vaccinale puisqu’il a pu être démontré une moindre incidence de la grippe et du rhume associée à une augmentation majorée des taux d’anticorps et de l’activité des lymphocytes NK chez les personnes ayant reçu le ginseng en plus du vaccin par rapport au groupe placebo.
Des travaux d’une grande pertinence quand on s’intéresse aux populations fragiles ayant une immunité diminuée et donc une réponse vaccinale amoindrie comme la personne âgée. Le ginseng n’a, par ailleurs, pas vraiment volé sa réputation de panacée puisqu’il multiplie les propriétés : hépatoprotection, amélioration des paramètres métaboliques…
Le ginseng est une plante adaptogène très puissante : c’est la plante de ceux qui sont dans un état de grande fragilité comme la personne âgée en cas de grande fatigue, d’épuisement ou encoure pendant une période de grande convalescence. Chez la personne jeune, elle peut être utilisée, mais uniquement dans les périodes de grande fatigue ou si le terrain est très fragilisé.
S’il s’agit effectivement de la même plante, Panax ginseng, c’est l’âge et le mode de préparation de la racine qui changent. Le ginseng blanc n’est autre que la racine récoltée à maturité, âgée de 4 à 5 ans, qu’on laisse ensuite sécher naturellement, à l’air libre. Elle ne subit ainsi aucun traitement particulier. Le ginseng rouge est une racine récoltée à maturité, âgée d’au moins 6 ans qui subit un traitement particulier. Elle est trempée dans un liquide sucré, passée à la vapeur et séchée.
Ginseng rouge et ginseng blanc n’ont ainsi pas tout à fait les mêmes propriétés car leur composition n’est plus identique. Le ginseng blanc est bien équilibré en principes actifs avec des effets à la fois équilibrants et énergisants.
Le ginseng rouge a perdu certaines saponines à l’origine de ses effets équilibrants (saponines Rg). Par ailleurs, il est en général plus concentré en ginsénosides.
Ces différences font dire à certains que le ginseng rouge est plus puissant ? Il n’est pas pertinent de les comparer en termes de puissance. Il est préférable de présenter le ginseng blanc comme un excellent rééquilibrant alors que le rouge est un excellent énergisant.
Précautions d’emploi :
Le ginseng ne doit pas être utilisé en cas d’antécédent de cancer hormonodépendant, d’hypertension artérielle, de traitement anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire, de traitement par inhibiteur de la monoamine-oxydase (antidépresseur), d’allergie, d’intolérance et chez les femme enceinte, allaitante et l’enfant.
Son utilisation sera en cas de stress intense, d’anxiété importante, de déséquilibres psychiatriques.
L’ashwagandha
Si elle reste encore peu connue en occident, cette plante phare de la médecine traditionnelle ayurvédique n’a rien à envier au ginseng, Panax ginseng, dont elle emprunte presque le nom car elle est parfois surnommée ginseng indien.
Cette plante de la famille des Solanacées nous offre des racines aux propriétés toutes aussi extraordinaires que le ginseng coréen avec, évidemment, ses propres spécificités. Etant de plus en plus étudiée, elle nous livre petit à petit ses secrets par exemple dans sa composition.
Ainsi, elle contient des alcaloïdes, des acides aminés dont le tryptophane, des minéraux et oligo-éléments dont le fer, des flavonoïdes, des acides phénols et surtout des withanolides (lactones stéroïdes) expliquant en grande partie ses vertus.
C’est une plante à laquelle il faut penser en cas de période de convalescence, de grande fatigue. Grande antioxydante et anti-inflammatoire, elle préserve nos différentes fonctions.
Elle a l’avantage d’agir à la fois sur la sphère psychique en cas de stress, d’anxiété et en plus d’avoir un tropisme cérébral puisque des effets neuroprotecteurs sont évoqués. Ses qualités d’adaptogène ne sont plus à démontrer. Particularité intéressante, elle a une action plus spécifique sur le sommeil. Ses vertus sédatives et calmantes s’expliquent notamment par la présence d’alcaloïdes, elle favorise ainsi un sommeil réparateur et prévient les réveils nocturnes.
Une piste à considérer quand on connait les chiffres de la prévalence de l’utilisation des benzodiazépines à visée anxiolytique et sédative alors même que leur utilisation à long terme expose au risque avéré de troubles de la mémoire et supposé de syndrome démentiel.
Traditionnellement utilisée dans des déséquilibres très diverses, elle pourrait être un atout dans certaines maladies chroniques comme le diabète de type 2 ou encore la polyarthrite rhumatoïde.
Pour autant, les institutions de santé n’ont pas encore validé son utilisation. Ainsi, la pharmacopée française la classe dans la liste B des plantes médicinales utilisées traditionnellement en l’état ou sous forme de préparation et dont les effets indésirables potentiels sont supérieurs au bénéfice thérapeutique attendu.
Seule l’OMS s’est avancée en faveur de l’ashwagandha : elle reconnaît son usage comme agent antistress afin d’améliorer la réactivité (usage bien établi par des données scientifiques) et comme tonique général pour augmenter l’énergie, améliorer la santé et prévenir les maladies chez les athlètes et les personnes âgées (usage traditionnel).
Précautions d’emploi :
Contre-indiquée en cas d’allergie ou d’intolérance, chez la femme enceinte ou allaitante et l’enfant. Sur avis médical en cas de pathologie de la thyroïde, d’hémochromatose et en cas de pathologie auto-immune.
L’éleuthérocoque
Plante millénaire réputée en médecine traditionnelle chinoise, l’éleuthérocoque est un arbuste épineux de la famille des Araliacées. Son surnom « ginseng de Sibérie » vient faire écho à ses similitudes avec le ginseng, Panax ginseng. Ces deux plantes ont été étudiées par Nicolaï Lazarev puis l’éleuthérocoque fût au centre de toutes les attentions d’Israel Brekhman.
Moins onéreuses que le ginseng, elle avait aussi l’avantage de pousser, entre autres, dans les forêts de l’est Sibérien. Répondant à tous les critères d’une plante adaptogène, l’éleuthérocoque a été pendant longtemps le secret de réussite des sportifs de l’ex-URSS avant d’être découverte par le monde occidental dans les années 1970. Ce sont ses racines qui sont utilisées en phytothérapie, récoltées à l’automne afin de garantir la plus forte teneur en principes actifs.
Ces derniers sont des éleuthérosides, des polysaccharides (éleuthéranes), divers composés phénoliques, des glucides, des acides aminés, des vitamines, des minéraux et oligoéléments, du bêta-sitostérol… Inscrite sur la liste A de la Pharmacopée Française, la racine d’éleuthérocoque fait l’objet d’une reconnaissance d’usage par plusieurs institutions de santé (La commission E allemande, l’EMA, l’OMS, L’ESCOP).
Son usage traditionnel dans le milieu sportif est pertinent : elle a démontré son efficacité dans l’amélioration des performances physiques tout en permettant une endurance accrue et une réduction de la sensation de fatigue. Elle a en outre l’avantage d’être une plante protectrice du système cardiovasculaire avec des propriétés régulatrices : elle régule la pression artérielle et la fonction cardiaque, en particulier au niveau rythmique.
A noter un effet hypoglycémiant participant à la régulation de la glycémie faisant de cette plante, un choix pertinent chez le patient diabétique ou en pré-diabète épuisé, qui nécessite le soutien de ces fonctions par une adaptogène. C’est une plante immunostimulante avec une action à la fois sur l’immunité cellulaire (médiée par les lymphocytes T principalement) et l’immunité humorale. Elle permettra donc de soutenir les fonctions immunitaires particulièrement impactées par un état de fatigue, d’épuisement.
C’est une plante de choix en période de convalescence, en particulier après une infection, une chirurgie, un traumatisme… il faut aussi penser à l’éleuthérocoque en cas de fatigue intense en lien ou non avec une situation stressante qui déprime les fonctions de l’organisme, en particulier l’immunité.
Précautions d’emploi :
L’éleuthérocoque ne sera pas utilisé en cas d’allergie ou d’intolérance, chez la femme enceinte ou allaitante, ni en cas d’hypertension artérielle, sauf si légère et bien contrôlée. Dans ce cas, elle pourra être utilisée sous surveillance. Il existe un risque potentiel d’interaction avec les médicaments antihypertenseurs (et anticoagulants) : un avis médical et une surveillance sont alors nécessaires. Chez l’enfant, il faudra un avis médical avant l’usage.
Si l’amélioration de nos performances a toujours fait partie des objectifs de l’être humain, nos modes de vie actuels sont une source constante de facteurs de stress qui non seulement entravent nos capacités à performer mais surtout déséquilibrent complètement nos différentes fonctions.
Les plantes adaptogènes seront une vraie solution pour améliorer les capacités d’adaptations de l’organisme.